Salade tomates oignons

Supervues, Hôtel Burrhus (Vaison-la-Romaine)
Durée : 3 jours

Avec la participation d’Ylias Touimer, patron du snack Zagora

Zagora est un snack situé à Vaison-la-Romaine. C’est aussi le nom d’une ville, aux portes du désert marocain. C’est le père d’Ilyas qui a eu l’idée de donner ce nom au snack : « il pensait qu’on avait nos racines là-bas, mais en fait il y a eu erreur ».  Il aurait aimé choisir la thématique « désert » pour la décoration de son snack. Mais c’était trop cher ; il a donc opté pour la thématique « New-York ».

Ilyas n’a jamais été à Zagora. De mon côté, après avoir découvert une vielle carte postale de Zagora, j’étais persuadée d’y avoir été étant petite. Mais il y eu erreur, là aussi. Ce paysage où aucun de nous n’a été est devenu notre point de rencontre.

L’intervention est visible via le système de vidéosurveillance du snack dont les images sont rediffusées en direct et en continu dans l’hôtel Burrhus, situé dans la rue d’à côté. Le paysage « infiltré » circule sur les plateaux des clients, ou s’étale en grand sur le sol. Selon l’activité du snack, il s’active, se fige, apparaît ou disparaît. La vidéo est accompagnée de la lecture d’un extrait du livre « Le désert »* par Ylias.

* J.M.G Le Clézio, Gallimard, 1980

Ecouter ici la bande sonore

Blablacar

Festival Sidération au Centre National d’Études Spatiales – Paris
Production : Le parc à thèmes

durée : 20 ‘
conception, scénographie : Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion
performance : Jeanne Moynot
création sonore : Erik Billabert

Une nuit de pleine lune, une départementale déserte, une déclaration d’amour ; tels sont les trois ingrédients narratifs de cette performance qui s’attèle à court-circuiter le romantisme et son enrobage spectaculaire. La performeuse agit dans l’ombre, puis au bord du plateau: elle est accessoiriste puis voix-off. Les dérapages métaphoriques et les analogies pompeuses liée à l’Espace se multiplient, la conquête amoureuse devient conquête spatiale.

La visite du palais

Centre d’Art contemporain de la ferme du buisson (Noisiel)
commissariat : Loreto Martinez-Troncoso, Julie Pellegrin
Durée : 30 minutes
Conception : Anne-Sophie Turion
Interprétation : Manuela Gourary (la souffleuse),
Jeanne Moynot (l’oratrice)

La visite du palais est une performance pour une oratrice et une souffleuse. Elle s’est construite à partir de la méthode du Palais de mémoire. Ce procédé mnémotechnique antique consiste à découper le discours que l’on veut retenir pour le déposer dans les différentes parties d’un édifice solidement ancré dans la mémoire (par exemple la maison d’enfance). Au moment de prendre la parole, il suffit alors de parcourir mentalement cette série de lieux en leur demandant ce qu’on leur a confié.

Après avoir passé en revue les différents lieux de mon enfance pour y bâtir mon palais de mémoire, j’ai dû me rendre à l’évidence : j’avais tout oublié. J’ai alors décidé de faire appel à d’autres mémoires: celles de mes grands parents, de mes parents. Aidée par la souffleuse, la performeuse incarne tour à tour ces voix qui tentent de parcourir cet espace de mémoire. Les versions de chacun se répondent et se contredisent, jusqu’à former un véritable labyrinthe : couloirs qui ne mènent à rien, portes condamnées ou pièces fantômes. Quelle pourrait être l’image de l’oubli? Un palais de mémoire dont certaines portes ne s’ouvrent plus? Une phrase que l’on n’arrive pas à terminer? Un récit dont la fin nous échappe?

Original soundtrack for a blank tape

Media Arts Center
(Vancouver, Canada)
Commissariat: Eric Mangion
Avec le soutien de l’Institut français

Durée : 30 minutes
Conception, performance, scénographie : Anne-Sophie Turion
Régie et interventions plateau : Bobby Kozinuk

Sur scène, j’essaie de raconter des souvenirs d’enfance et d’adolescence (repas de famille, départ en vacances ou discours de mariage). La musique, omniprésente, m’aide au départ à élaborer mes récits… mais elle se fait de plus en plus envahissante et artificielle : elle dramatise à l’excès des anecdotes banales, comble les silences et les trous de mémoire, rongeant peu à peu l’authenticité de mes souvenirs et de leur mise en scène. Les morceaux utilisés sont pour la plupart des bandes originales de blockbusters. Les paroles de chansons finissent par se substituer aux vrais mots, des scènes de films se confondent aux scène vécues.

A very scary performance

Festival Drodesera, Centrale Fies (Italie)
Projet lauréat du Performance Art Award 2013 organisé par Centrale Fies (Dro) & Viafarini Docva (Milan)
Production: Centrale Fies, Ambienti per la produzione di performing art 

Durée : 50 minutes
Conception, scénograhie, performance :
Anne-Sophie Turion & Jeanne Moynot 
Création lumière : Fabio Sajiz

Centrale Fies est une ancienne centrale hydroélectrique isolée au bord d’une route de montagne, au coeur des Alpes italiennes. Cet environnement atypique a été la matière première de cette performance en duo : nous extrapolons le potentiel inquiétant du lieu, quitte à basculer dans la fiction. Nous juxtaposons fausses archives, anecdotes personnelle et références cinématographiques. Des micros rampent au sol, des fenêtres claquent toutes seules, la bande originale de Shinning envahit le plateau enfumé, des ballons de basket tombent du plafond. Il est questions d’ailerons de requin, de route escarpées, d’intoxications au Airwick, de cauchemards . Les registres s’entremèlent pour former un univers à la fois inquiétant et dérisoire.

 

A free replay

Arboretum de l’abbaye de Pannonhalma (Hongrie)
European night of young creation

Durée : 30 minutes
Avec : Matt Coco, Charlotte Emily, Yoko Fukushima, Carl Hurtin, Foldi Pal, Claudio Stellato, Frère
Langue : français, hongrois, japonais, italien & anglais

Equipées de micros - cravates HF, sept personnes cheminent au loin dans la forêt, se remémorant à voix basse les pensées qui les ont traversées lors de leurs précédentes promenades dans l’Arboretum. Un moine, un jardinier, un danseur… Les voix et les récits se croisent  (des souvenirs en famille, une prière en latin, l’évocation d‘une scène du film « Vertigo » se déroulant dans une forêt de séquoias, une chanson fredonnée des Beatles, etc) faisant résonner ensemble la mémoire du lieu.

Pour augmenter le caractère mystérieux du paysage, le dispositif de cette performance emprunte aux procédés cinématographiques : l’effet loin-près (plan éloigné d’un personnage accompagné par sa voix entendue proche), une machine à fumée, des bruitages qui se confondent avec le paysage sonore réel de la forêt.

En écoute: extraits sonores de la performance

Les maîtres

Théâtre de la ville (Paris)
Dans le cadre de Danse élargie 2012 (projet finaliste)

Durée : 10 minutes
Conception :
Anne-Sophie Turion & Pia de Compiègne

Les maîtres est une performance pour 25 chiens et 24 figurants. À travers la mise en observation de cette micro-communauté, nous avons cherché à mettre en scène une réalité aléatoire, à la fois parfaitement animale et étrangement humaine.

Perdues d’avance

Dans le cadre des Évenements spectaculaires de la Bibliothèque Nationale de France (Paris)

Conception & coaching : Anne-Sophie Turion
Avec : Judith Benita, Francois Barouch, Lucie Boujenah, Olivier Chiron, Valérie Dontenville, Florian Fournier, Eléonore Godeau, Alice Larmagnac, Arnaud Lehesran, Clémentine Niewdansky, Rémi Prin, Elena Roussila, Gala Vanson

Durée : 45 minutes

Comment occuper un lieu trop vaste, trop imposant, trop exposé aux vents? Pendant plusieurs jours, j’arpentais le parvis de la Bibliothèque Nationale de France à la recherche d’une idée. En vain. Ce sentiment d’une tentative perdue d’avance m’apparut finalement  comme un bon point de départ.

Pendant 45 minutes, les participants, encouragés par un coach (moi), investissent le parvis pour trouver “l’Idée avec un grand I”; celle que je n’ai pas trouvée. Chaque comédien est accompagné par sa propre voix off qui décrit en continu sa situation. Leurs gestes, à force de répétition, deviennent comme ceux que l’on fait pour s’échauffer avant un grand défi sportif.

L’échec est ici autant conséquence que point de départ: on tourne en rond, on est comme coincé entre ce qui se passe et ce qui ne se passe pas. Chacun a sa méthode : l’un essaie de “se laisser traverser par une idée”, l’autre a choisi de “laisser mûrir son idée”… Des micro -récits crées à partir d’expressions toute faites, ici appliquées au pied de la lettre (perdant ainsi tout sens figuré).

Le comble du vide

Centquatre – Paris

Conception : Anne-Sophie Turion, Maïda Chavak, Pia de Compiègne

Un décor d’appartement vide est progressivement envahi par de grosses masses noires. Bientôt l’espace est totalement envahi, rendu impraticable. Les masses emplissent les couloirs, surgissent de derrière le bar, se plaquent contre les fenêtres, occupent tous les recoins. Le vide se comble petit à petit, de manière grotesque, mécanique. Des bribes de texte, imprimées sur certaines des masses noires, sont visibles uniquement lorsque ces masses sont suffisamment gonflées. Il s’agit de la retranscription du témoignage d’une syllogomaniaque.

Le processus de deuil consiste à accepter le vide laissé par une perte. Lorsque cette étape ne s’accomplit pas, on comble au lieu de reconstruire. La syllogomanie est une manifestation pathologique de ce blocage :  elle se caractérise par l’accumulation excessive d’objets inutiles et, le plus souvent, sans aucune valeur marchande et l’incapacité à se séparer des objets. L’espace vital du domicile se réduit peu à peu jusqu’à ce qu’il devienne difficile voire impossible d’accéder à certaines pièces.

Je ne suis pas là pour le moment

On/Gallery, Pékin (Chine)
Avec le soutien de l’Institut français

Durée : 20 minutes
Interprétation et traduction live : Marion Bocquet-Appel, Wang Lingyun

Le 17 octobre à 7h50 j’aurai dû être à l’aéroport Charles-de-Gaulle, assise dans la salle d’embarquement pour le vol A398 à destination de Pékin. Le 18 octobre à 8h25 heure locale, j’aurai dû être debout dans la file d’attente de la douane chinoise. Le 26 octobre à 18h00 heure locale, j’aurai dû être en train de parler au micro, face au public venu assister à ma performance, dans une galerie du quartier de Songzhuan. Mais je n’étais pas là.

Dans cette performance, je suis à Paris et le public est à Pekin. Je m’adresse au public par Skype (appel vidéo et chat en direct) et grâce à deux ‟avatars” présents sur place : une interprète franco-chinois et une performeuse. Grâce à un système de pilotage à distance je manipule en direct des sons et et séquences vidéos pré-enregistrées.

La juxtaposition de ces différentes strates narratives racontent mon absence, non sans entretenir l’ambiguité de mon ‟alibi”: le spectateur ne peut finalement démêler le vrai du faux; entre un vol de passeport accidentel et une absence planifiée et établie comme protocole même de la performance.