Étant donné une façade

Quartier Choriot-Berriat, Grenoble : Le magasin (CNAC), Grenoble / quartier Longchamps, Marseille : dans le cadre du Printemps de l’art contemporain à Marseille (commissariat Caroline Hancock) / quartier Ménilmontant, Paris : dans le cadre du festival Et 20 l’été.
Avec le soutien de la SCAM
(projet lauréat de la bourse Brouillon d’un rêve)

Durée : variable
Conception : Anne-Sophie Turion, Pia de Compiègne

Par le biais de leur interphone, les habitants d’un quartier décrivent leur intérieur. Le son de l’interphone est amplifié: les récits sont ainsi diffusés directement au public qui se tient au pied des immeubles. Grâce à ces conteurs anonymes et aux bribes d’intimité qu’ils laissent affleurer, les spectateurs peuvent “voir” à travers les façades. Le temps du parcours, l’espace public et l’espace privé se rejoignent. Les récits s’enchevêtrent pour dessiner une série de portraits; portraits de lieux de vie, portraits d’habitants, mais aussi, en filigrane, portrait d’un quartier.

Le poil de la bête

Production déléguée : Actoral
Avec le soutien de la Drac Ile-de-France (aide au projet), d’Actoral (Marseille), du 3bisF (Aix-en-Provence), de Montévidéo (Marseille), de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques (FNAGP), du CNC –DICRéAM (aide au développement, aide à la production), du programme de recherche Les réalisateurs (Nantes), de Centrale Fies (Italie), du VIVAT – scène conventionnée Danse & Théâtre d’Armentières, de la Ménagerie de verre – Paris (dans le cadre des Studiolabs).

Durée : 55′
Conception, scénographie et interprétation :
Jeanne Moynot & Anne-Sophie Turion
Création lumière : Samuel Dosière
Création sonore : Yann Cleary
Conseil dramaturgique : Elise Simonet
Regard extérieur : Christophe Ives
Assistant : Paul Garcin

Entre road movie qui patine et odyssée mélancolique, Le Poil de la bête explore les représentations de la peur. Avec ce premier spectacle, nous mettons les mains dans le cambouis pour apprivoiser nos frayeurs archaïques et nos affects mal gérés. À grands renforts d’effets spéciaux faits maison, la scène devient un véritable plateau de tournage : une pleine lune est gonflée à la force des poignets, une façade de temple grec s’élève en grinçant, une femme en peignoir débite un rap au milieu d’un décor de ruines en mousse. Nous déclinons notre appétence pour le visuel et le vivant en jouissant et nous réjouissant de tous les ressorts de la mécanique spectaculaire. Au sein de cette imagerie fascinante surgit une parole crue, qui tranche avec le reste. Le reste: des bruits de corps, des coups de tonnerre, des silences qui transpirent. 

On dirait le sud

. Marseille : Aperçu avant impression, Friche La belle de Mai, commissariat Caroline Hancock
. Paris : Festival de l’inattention, Glassbox,
commissariat Sophie Lapalu
. Aix-en-Provence : Perdez le nord, Hôpital Montperrin / 3bisf lieu d’arts contemporains,
commissariat Diane Pigeau
. Série de posters édités par Immixtion books (en vente ici)
. Publication co-édité par Asterides et les Editions P – 500 ex – distribution Les presses du réel

Dimensions : 68 affichages de dimensions variables

Je ne peux entendre dire “je suis malade” sans que ne se déroule dans mon esprit le refrain chanté par Serge Lama, ni croiser quelqu’un par surprise sans que Patrick Bruel me chantonne ensuite à l’oreille “j’mattendais pas à ça, j’mattendais pas à toi…”. Impossible aussi d’ouvrir mes volets par un matin ensoleillé sans que mon juke-box intérieur ne s’enclenche, comme régi par une mécanique impitoyable : “let the sunshine, let the sunshine in, the suuuuun shine in”.

Depuis quelques années, les neurologues ont mis un nom sur ce phénomène : le “ver d’oreille”. Inspirée par ma propre vulnérabilité face à ces parasites musicaux, j’ai mis au point une méthode de contamination à l’échelle de la ville. Je suis intervenue dans différents quartiers et villes en affichant des bribes de paroles de tubes, toutes époques et tous registres confondus. Mis en scène dans l’espace public, ces mots rejoignent un espace qui leur ressemble ; un territoire commun, des lieux qui appartiennent à tous et à personne (murs, jardins publics, front de mer, etc).

© Gabriel Buret

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Rue Saint-Adolphe

34ème Symposium International
d’Art Contemporain (Baie-Saint-Paul, Canada)

Durée : 20 minutes
Réalisé avec la participation des habitants de la rue Saint-Adolphe et de CIHO-FM

20 août, 20h: le programme habituel de la radio locale  s’interrompt pour permettre la diffusion d’un montage musical que j’ai réalisé. Rue Saint-Adolphe, tous les habitants ont branché leur radio sur la même fréquence : la musique est ainsi diffusé simultanément dans toutes les maisons. Cette bande sonore est réalisée à partir d’extraits de bande originales de films célèbres : E.T, Edward aux mains d’argent, Twin peaks, etc.

La musique se faufile par les fenêtres pour teinte le paysage de la rue d’une étrangeté hollywoodienne. Déambulant dans la rue, le spectateur traverse des scènes étranges: une maison abandonnée, un repas laissé en plan, des buissons  taillés en forme d’animaux dans un jardin un peu trop symétrique, un panier de basket renversé… La rue devient un décor de film. Le réel et sa mise en scène se confondent.

Les saynètes sont uniquement construites avec les matériaux trouvés sur place : objets domestiques des habitants, voitures, outils de jardinages, éclairages.

 

 

extrait de la captation in-situ

On lâche rien

exposition
en duo avec Jeanne Moynot
3bisf (Aix-en-Provence)

Matériaux : vidéo en boucle (1’51’’), charbon sur linge d’hôpital, éléments divers (40 m2), bandes son (38’)

On lâche rien : slogan inscrit sur la banderole installée par le syndicat SUD à l’entrée de l’hôpital psychiatrique Montperrin jusqu’en juillet dernier. Croisée quotidiennement depuis le début de notre résidence au 3bisf (le Centre d’Art est implanté au sein de l’hôpital), cette injonction s’est mise à résonner à tous les niveaux, dans notre travail aussi bien que dans notre vie intime.

Pour cette première exposition en duo, nous créons un décor où l’envers passe sur le devant de la scène. Des pendrillons réalisés avec les moyens du bords (charbon et linge de l’hôpital Montperrin, dans lequel est situé le centre d’art ) pastichent le dispositif théâtral traditionnel. Des bruitages émergent de part et d’autre de cette boîte noire bricolée, ainsi que nos deux voix. Nous nous sommes enregistrées tout au long du montage de l’exposition. Ces bribes de dialogue dévoilent avec humour nos backstages, nos solitudes, notre amitié résiliente et notre quotidien précaire de travailleuses de l’art.

extrait de la bande sonore

L’autre circuit des plaques

34ème Symposium International
d’Art Contemporain (Baie-Saint-Paul, Canada)
Dimensions : 30 plaques de dimensions variables
Matériaux : plaques de linoléum motif marbre, marqueur

Baie-Saint-Paul est un village touristique. On propose aux visiteurs tout un panel d’activités de découverte. Parmi elles ; lecircuit des plaques. Effectivement, des plaques, il y en a beaucoup : hommages, commémorations, repères historiques, architecturaux, géologiques, etc. Les lieux sont sursignifiés.

Je suis intervenue sur les plaques existantes en les recouvrant de linoléum motif marbre sur lequel figurent des textes de longueur variable. Aux évènements historiques et mémorables se substituent des anecdotes personnelles, des scènes observées dans la rue, des paroles attrapées au vol, des histoires que m’ont confié les habitants.

La visite du palais

Centre d’Art contemporain de la ferme du buisson (Noisiel)
commissariat : Loreto Martinez-Troncoso, Julie Pellegrin
Durée : 30 minutes
Conception : Anne-Sophie Turion
Interprétation : Manuela Gourary (la souffleuse),
Jeanne Moynot (l’oratrice)

La visite du palais est une performance pour une oratrice et une souffleuse. Elle s’est construite à partir de la méthode du Palais de mémoire. Ce procédé mnémotechnique antique consiste à découper le discours que l’on veut retenir pour le déposer dans les différentes parties d’un édifice solidement ancré dans la mémoire (par exemple la maison d’enfance). Au moment de prendre la parole, il suffit alors de parcourir mentalement cette série de lieux en leur demandant ce qu’on leur a confié.

Après avoir passé en revue les différents lieux de mon enfance pour y bâtir mon palais de mémoire, j’ai dû me rendre à l’évidence : j’avais tout oublié. J’ai alors décidé de faire appel à d’autres mémoires: celles de mes grands parents, de mes parents. Aidée par la souffleuse, la performeuse incarne tour à tour ces voix qui tentent de parcourir cet espace de mémoire. Les versions de chacun se répondent et se contredisent, jusqu’à former un véritable labyrinthe : couloirs qui ne mènent à rien, portes condamnées ou pièces fantômes. Quelle pourrait être l’image de l’oubli? Un palais de mémoire dont certaines portes ne s’ouvrent plus? Une phrase que l’on n’arrive pas à terminer? Un récit dont la fin nous échappe?

Original soundtrack for a blank tape

Media Arts Center
(Vancouver, Canada)
Commissariat: Eric Mangion
Avec le soutien de l’Institut français

Durée : 30 minutes
Conception, performance, scénographie : Anne-Sophie Turion
Régie et interventions plateau : Bobby Kozinuk

Sur scène, j’essaie de raconter des souvenirs d’enfance et d’adolescence (repas de famille, départ en vacances ou discours de mariage). La musique, omniprésente, m’aide au départ à élaborer mes récits… mais elle se fait de plus en plus envahissante et artificielle : elle dramatise à l’excès des anecdotes banales, comble les silences et les trous de mémoire, rongeant peu à peu l’authenticité de mes souvenirs et de leur mise en scène. Les morceaux utilisés sont pour la plupart des bandes originales de blockbusters. Les paroles de chansons finissent par se substituer aux vrais mots, des scènes de films se confondent aux scène vécues.

A very scary performance

Festival Drodesera, Centrale Fies (Italie)
Projet lauréat du Performance Art Award 2013 organisé par Centrale Fies (Dro) & Viafarini Docva (Milan)
Production: Centrale Fies, Ambienti per la produzione di performing art 

Durée : 50 minutes
Conception, scénograhie, performance :
Anne-Sophie Turion & Jeanne Moynot 
Création lumière : Fabio Sajiz

Centrale Fies est une ancienne centrale hydroélectrique isolée au bord d’une route de montagne, au coeur des Alpes italiennes. Cet environnement atypique a été la matière première de cette performance en duo : nous extrapolons le potentiel inquiétant du lieu, quitte à basculer dans la fiction. Nous juxtaposons fausses archives, anecdotes personnelle et références cinématographiques. Des micros rampent au sol, des fenêtres claquent toutes seules, la bande originale de Shinning envahit le plateau enfumé, des ballons de basket tombent du plafond. Il est questions d’ailerons de requin, de route escarpées, d’intoxications au Airwick, de cauchemards . Les registres s’entremèlent pour former un univers à la fois inquiétant et dérisoire.

 

Versions originales

Les abattoirs (Toulouse) / Institut Supérieur des Arts de Toulouse (Isdat)
Performance présentée dans le cadre de l’ouverture du Week-end de l’Art Contemporain à ToulouseDurée : 30 minutes

Cette performance est construite à partir d’une chanson : « Modern love” de David Bowie­ . Seuls ou en groupe, une trentaine d’étudiants racontent les souvenirs qu’ils associent à ce morceau. Certains se rappellent leurs premières soirées dansantes, d’autres se remémorent une séquence de film (« Mauvais sang », de Carax). D’autres encore, s’appuyant sur des témoignages récoltés auprès d’une génération plus âgée (celle qui a vécu les années 80 et le succès des tubes de Bowie), s’approprient des souvenirs d’une époque qu’ils n’ont pas vécue.

Jouant avec différentes modalités d’énonciation (voix in/off, en playback ou spontanée, etc.) et modes d’expression (chant, danse, dialogue ou monologue) chaque étudiant est partie intégrante du choeur. Qu’elles soient bavardes ou se taisent, qu’elles parlent à la place de l’autre ou en leur propre nom, ces trentes voix produisent ensemble une parole flottante, dont le locuteur n’est plus clairement identifiable. Des histoires sans auteur, sans version originale.