On lâche rien

exposition
en duo avec Jeanne Moynot
3bisf (Aix-en-Provence)

Matériaux : vidéo en boucle (1’51’’), charbon sur linge d’hôpital, éléments divers (40 m2), bandes son (38’)

On lâche rien : slogan inscrit sur la banderole installée par le syndicat SUD à l’entrée de l’hôpital psychiatrique Montperrin jusqu’en juillet dernier. Croisée quotidiennement depuis le début de notre résidence au 3bisf (le Centre d’Art est implanté au sein de l’hôpital), cette injonction s’est mise à résonner à tous les niveaux, dans notre travail aussi bien que dans notre vie intime.

Pour cette première exposition en duo, nous créons un décor où l’envers passe sur le devant de la scène. Des pendrillons réalisés avec les moyens du bords (charbon et linge de l’hôpital Montperrin, dans lequel est situé le centre d’art ) pastichent le dispositif théâtral traditionnel. Des bruitages émergent de part et d’autre de cette boîte noire bricolée, ainsi que nos deux voix. Nous nous sommes enregistrées tout au long du montage de l’exposition. Ces bribes de dialogue dévoilent avec humour nos backstages, nos solitudes, notre amitié résiliente et notre quotidien précaire de travailleuses de l’art.

extrait de la bande sonore

Le comble du vide

Centquatre – Paris

Conception : Anne-Sophie Turion, Maïda Chavak, Pia de Compiègne

Un décor d’appartement vide est progressivement envahi par de grosses masses noires. Bientôt l’espace est totalement envahi, rendu impraticable. Les masses emplissent les couloirs, surgissent de derrière le bar, se plaquent contre les fenêtres, occupent tous les recoins. Le vide se comble petit à petit, de manière grotesque, mécanique. Des bribes de texte, imprimées sur certaines des masses noires, sont visibles uniquement lorsque ces masses sont suffisamment gonflées. Il s’agit de la retranscription du témoignage d’une syllogomaniaque.

Le processus de deuil consiste à accepter le vide laissé par une perte. Lorsque cette étape ne s’accomplit pas, on comble au lieu de reconstruire. La syllogomanie est une manifestation pathologique de ce blocage :  elle se caractérise par l’accumulation excessive d’objets inutiles et, le plus souvent, sans aucune valeur marchande et l’incapacité à se séparer des objets. L’espace vital du domicile se réduit peu à peu jusqu’à ce qu’il devienne difficile voire impossible d’accéder à certaines pièces.